TMS et manutention : comment protéger vos opérateurs au quotidien ?
Dans de nombreux secteurs (logistique/entreposage, BTP, industrie/production, grande distribution, transport/déménagement, aide à la personne, etc.), la manutention manuelle est très présente.
Aussi, les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent un enjeu majeur de santé et de performance. Ils constituent la première cause de maladies professionnelles indemnisées en France avec 88 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général. Que ce soit dans les entrepôts, dans l’industrie ou dans le secteur du BTP, les TMS touchent particulièrement les salariés soumis à des cadences soutenues, au port de charges lourdes, aux postures contraignantes et à la répétition de gestes.
Ces derniers entraînent douleurs, fatigue, gêne dans les mouvements, absentéisme, voire inaptitude. Les TMS représentent aussi un coût important pour les entreprises, tant en termes de remplacement que de perte de productivité. Pourtant, des solutions existent pour les prévenir efficacement. Faisons le point sur le sujet.
Comprendre les TMS : définitions et pathologies fréquentes
Qu’est-ce qu’un TMS ?
Les TMS regroupent l’ensemble des gênes ou douleurs localisés au niveau ou autour des articulations, tendons ou muscles (poignets, coudes, épaules, rachis, genoux ou du dos et du cou). Il peut s’agir de troubles physiques comme mécaniques.
Ces troubles apparaissent suite à des sollicitations répétées et prolongées d’une partie du corps, souvent aggravées par des postures contraignantes ou un effort excessif.
La reconnaissance en maladie professionnelle
En France, certains TMS peuvent être officiellement reconnus comme maladies professionnelles car ils figurent dans les deux tableaux de référence établis par la Sécurité sociale :
- Tableau 57 : affections périarticulaires provoquées par des gestes répétitifs ou des postures prolongées (tendinites, syndrome du canal carpien, épicondylite, etc.) ;
- Tableau 98 : affections chroniques du dos (lombalgies, hernies discales, sciatiques) liées à la manutention manuelle de charges lourdes ou à des postures pénibles.
Ces deux tableaux permettent aux salariés exposés aux risques de TMS de bénéficier d’une prise en charge et d’une indemnisation, tout en soulignant l’importance de la prévention au travail.
Pour qu’un TMS soit reconnu comme maladie professionnelle, plusieurs critères doivent être remplis :
- Le diagnostic médical doit correspondre à la pathologie inscrite dans les tableaux,
- Le lien entre l’activité professionnelle et la maladie doit être établi (par exemple, les métiers impliquant des gestes répétitifs, efforts physiques importants et/ou postures contraignantes),
- Le délai de prise en charge défini dans chaque tableau doit être respecté,
- Une durée minimale d’exposition peut être exigée dans certains cas.
La démarche de déclaration de maladie professionnelle commence par un certificat médical initial établi par le médecin. Celui-ci décrit les symptômes et leur lien probable avec le travail. Le salarié déclare ensuite la maladie auprès de la CPAM via un formulaire spécifique. Après enquête, la Sécurité sociale statue sur la reconnaissance. En cas d’acceptation, le salarié bénéficie d’une prise en charge à 100 % des soins et, selon la gravité, d’une indemnisation.
Les TMS les plus fréquents en manutention
En 2025, dans le secteur du transport et de la logistique par exemple, les TMS représentent 93 % des maladies professionnelles reconnues. Voici leur répartition détaillée :
- Syndrome du canal carpien(poignet) : 38 % ;
- Syndrome de la coiffe des rotateurs(épaule) : 30 % ;
- Épicondylite latérale(coude) : 22 % ;
- Lombalgies(rachis lombaire) : 7 % ;
- Hygroma ou bursite du genou(inflammation en avant de la rotule) : 2 %.
Ces affections peuvent devenir chroniques et affecter la santé ainsi que les performances des salariés si aucune prévention n’est mise en place.
Pour information, le risque de TMS est également présent au bureau (posture sédentaire, travail sur écran, accueil, etc.). Cela fera l’objet d’un prochain article ciblé sur le sujet.

Les facteurs de risque en matière de manutention
Contraintes physiques
- Port de charges lourdes : intensité de la force, position articulaire et distance de prise de l’objet soulevé ;
- Postures contraignantes: station debout prolongée, travail au-dessus des épaules, flexions répétées ;
- Gestes répétitifs: préparation de commandes, emballage, palettisation, etc. ;
- Durée de l’activité.
Facteurs environnementaux
La présence de facteurs environnementaux comme les pressions mécaniques produites par le contact du corps avec des objets extérieurs, les chocs, les vibrations, la qualité de l’éclairage, le froid, l’ergonomie des équipements ou l’aménagement de l’entrepôt peuvent favoriser l’apparition de TMS chez les salariés.
Risques psychosociaux
Stress, isolement, pression du temps, travail monotone, manque de reconnaissance de la part de la hiérarchie ou encore insécurité de l’emploi représente autant de facteurs de risques psychosociaux qui peuvent contribuer à aggraver la fatigue physique et augmenter le risque de TMS.
Le cadre légal : les obligations de l’employeur
Les articles du Code du travail
La législation française encadre la prévention et la protection des salariés au travail. En ce sens, plusieurs textes de référence sont incontournables :
- 4121-1 : Chaque employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés ;
- 4121-2 : Respect des principes généraux de prévention (éviter les risques, évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités, combattre les risques à la source, réfléchir à l’ergonomie des postes pour adapter le travail aux salariés, tenir compte de la technique, rendre le travail moins dangereux, planifier la prévention, prendre des mesures de protection collective, Donner des instructions claires) ;
- 4541-9 : Obligation de formation à la sécurité pour les salariés exposés à la manutention manuelle.
L’employeur a l’obligation de mettre en place des actions de prévention aux risques professionnels, informer et former ses salariés. De plus, des équipements et moyens utilisés doivent être adaptés en conséquence.
Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnel (DUERP)
Indispensable pour identifier, évaluer et prévenir les risques liés à la manutention et aux TMS, le DUERP doit être mis à jour une fois par an (selon l’article R. 4121-2 du code du travail ) et partagé avec les salariés, les élus du CSE, le médecin du travail et l’inspection du travail.

Comment prévenir les TMS liés aux manutentions ?
Réaliser un état des lieux
En tant qu’employeur, il est crucial de commencer par établir un état des lieux. L’objectif ? Prendre connaissance de la situation de l’entreprise pour identifier et partager les différents enjeux de la prévention des TMS.
Pour cela, certaines actions doivent être mises en place :
- Mobiliser et impliquer l’entreprise pour faire de la lutte contre les TMS un sujet de première importance ;
- Discuter avec les salariés directement concernés ;
- Observer les chiffres d’absentéisme, d’arrêts maladie, d’accidents du travail et de maladie professionnelle ;
- Échanger avec les représentants du personnel au CSE et avec la commission santé, sécurité et conditions de travail le cas échéant ;
- Évaluer les facteurs de risques en entreprise et établir les priorités d’action à mettre en place pour y remédier.
Fournir un matériel de manutention adapté
Une fois l’état des lieux réalisé, l’employeur peut commencer à identifier les postes de travail les plus concernés par les TMS (par exemple les phases de préparation de commandes) afin d’agir directement sur la dimension technique de ces derniers et améliorer ainsi le quotidien des salariés de l’entreprise.
Pour réduire les postures contraignantes et les efforts articulaires, un matériel adapté doit être fourni aux salariés de l’entreprise (différents outils existent selon les secteurs). En voici quelques exemples :
- Chariots à hauteur variable, transpalettes, gerbeurs électriques ou diables transformables ;
- Bras à ventouse auto-équilibré pour supprimer la manutention manuelle des colis ;
- Banderoleuses automatiques pour la palettisation ;
- Cercleuses automatiques pour limiter les gestes répétitifs ;
- Lève-malades et chaises de relevage : aides techniques pour le transfert et le repositionnement des patients, qui réduisent fortement les contraintes physiques pour les soignants, également victimes de TMS.
Ces équipements réduisent considérablement les contraintes physiques et les risques de blessure.
Optimiser l’aménagement des postes de travail et introduire une rotation des tâches
Pour poursuivre la démarche de prévention des TMS, l’employeur doit repenser l’aménagement du poste de travail de ses salariés.
Plusieurs exemples illustrent cette démarche :
- Adopter une nouvelle disposition des produits pour limiter les postures contraignantes et conserver les outils et consommables à portée de main ;
- Limiter la hauteur des palettes pour éviter la manutention de cartons dans une mauvaise position ;
- Adapter la hauteur du plan de travail et inclure un espace pour positionner les pieds de l’opérateur ;
- Proposer des tabourets assis-debout pour limiter la charge musculaire,
- Entretenir les postes et l’environnement de travail pour favoriser les tâches accomplies au quotidien ;
- Respecter un temps de récupération physiologique toutes les 2 heures (5 à 8 minutes),
- Varier les tâches pour limiter les mouvements répétitifs.
Former et sensibiliser les équipes
La formation est un levier incontournable pour prévenir les TMS. Exemples de modules utiles :
- PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique)
- Gestes et postures
- Ergonomie et prévention des TMS.
L’accompagnement Camira : des formations concrètes
Former vos équipes aux bons gestes

Camira propose des formations pratiques pour limiter les risques ergonomiques :
- Formation PRAP : analyser et améliorer les conditions de travail avec des solutions techniques, organisationnelles et humaines ;
- Formation gestes, postures et manutentions manuelles : adopter les bons réflexes au quotidien ;
- Formation ergonomie – prévention des TMS : intégrer l’ergonomie dans l’organisation et l’aménagement des postes.
Un levier durable pour vos équipes
Ces formations permettent de :
- Réduire les accidents et arrêts de travail ;
- Améliorer le confort et la motivation des salariés ;
- Diminuer les coûts liés aux maladies professionnelles.
En résumé : ce qu’il faut retenir
- Les TMS représentent environ 88% des maladies professionnelles reconnus en France ;
- Les principales pathologies concernent les poignets, épaules, coudes, genoux et lombaires ;
- Les facteurs de risque : mouvements répétitifs, postures contraignantes, cadence élevée, port de charges ;
- L’employeur a une obligation légale de prévention (Code du travail, DUERP, formation) ;
- Les leviers de prévention :
- Analyser et cartographier les postes à risque
- Fournir du matériel ergonomique(diables, chariots adaptés, etc.)
- Former les opérateurs aux bonnes pratiques et gestes de prévention
- Mettre en place une organisation du travail adaptée(rotation des postes, pauses régulières)
- Les actions de prévention réduisent à la fois les accidents du travail, l’absentéisme et les coûts liés à la santé au travail ;
- Camira accompagne les entreprises avec des formations adaptées et certifiées.
